L'actualité de la crise: à la recherche d'un miracle de dernier ressort, par François Leclerc

Billet invité.

A LA RECHERCHE D’UN MIRACLE DE DERNIER RESSORT

Sur quoi la proposition allemande de création d’un prêteur en dernier ressort européen type FMI va-t-elle pouvoir déboucher ? La soudaineté de cette annonce comme le flou qui l’entoure laissent depuis dimanche dernier place à de prudentes spéculations, qui mettent principalement en avant les obstacles que pourraient rencontrer sa concrétisation. Avant toute chose, le temps qui sera nécessaire à une indispensable révision préalable des traités européens.

Les gouvernements vont, en attendant, rester tout autant dépourvus face à la crise endémique de la dette qui va se poursuivre, et à fortiori à ses dérapages qui risquent fort de se reproduire. Que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur de la zone euro, ce qui revient au même du point de vue systémique.

A terme, les chances de parvenir ou non à la création d’un Fonds monétaire européen sont à l’heure actuelle impossibles à évaluer, le plus probable étant que l’initiative Allemande va susciter de nombreuses autres suggestions et variantes. De nombreux projets sont en effet déjà dans les cartons, qui vont alimenter un débat désormais largement ouvert aux politiques après avoir été limités aux cercles des think tanks.

Au sortir d’un entretien avec Jean-Claude Junker, Angela Merkel vient d’affirmer plus vigoureusement son soutien à l’idée d’un FME, surenchérissant sur la nécessité de sanctions pour les pays récalcitrants et endossant totalement l’obligation d’une révision du traité européen afin d’y parvenir. Pour sa part, Christine Lagarde vient de prendre ses distances avec le projet, en déclarant que « la proposition du fonds monétaire européen est une piste intéressante que nous devons explorer avec un certain nombre d’autres ». Comme si le gouvernement français était plus à l’aise avec les discrètes interventions financières du type de celle qui vient d’être utilisée pour la Grèce qu’avec une refonte institutionnelle de l’Europe, porteuse en contrepartie de contraintes auxquelles il voudrait échapper.

José Manuel Barroso, le président de la Commission européenne s’en est tenu à une laconique analyse, selon laquelle la création d’un FME est « une proposition à très long terme qui nécessitera sans doute un changement du traité », se réfugiant pour préciser sa position derrière l’affirmation que « Nous sommes pour tout ce qui va en faveur d’une augmentation de la gouvernance économique ». Axel Weber, l’un des membres du conseil des gouverneurs de la BCE, présenté comme son futur président, estimant enfin que l’idée était « contre-productive ».

Étrangement, on se retrouve, mais dans un contexte bien différent, dans la même situation que lors de la création de l’euro. A tout projet de mutualisation de la dette permettant de sauver la cohésion monétaire et économique de l’Europe correspond le même raidissement allemand sur de farouches positions doctrinaires, expression d’un identique et répété refus de se laisser entraîner sur une pente considérée comme glissante. A l’époque cela s’est conclu par le statut de la BCE que nous connaissons.

Or, les fondements mêmes de cette intransigeance sont en passe de devoir être reconsidérés : le modèle de développement de l’Allemagne reposant prioritairement sur les exportations de produits manufacturés de haut technologie étant à terme menacé. Soit en raison de l’affaiblissement dans la crise de ses partenaires européens (et de son marché européen en général), soit à cause de la capacité d’une partie de sa clientèle des pays émergents à progressivement produire elle-même ce type de produits.

La période est en général au renforcement de la croissance sur les marchés intérieurs – qu’ils soient allemand, chinois ou japonais – en contradiction avec la crise du crédit et de la titrisation, et sa conséquence dans les pays occidentaux : la baisse tendancielle du pouvoir d’achat des classes moyennes. C’est cette nouvelle équation-là qu’il va falloir résoudre, au lieu de chercher à reproduire l’ancienne, qui va de moins en moins bien fonctionner. Comme les faibles chiffres de la croissance allemande permettent déjà de le constater.

Combien de temps faudra-t-il à l’Allemagne pour s’y résoudre et en tirer les conséquences ? Alors que ce qui est en jeu, ce n’est pas seulement l’éclatement possible de la zone euro, mais également un approfondissement de la crise économique européenne, tant en raison de l’interconnexion de ses systèmes bancaires que de ses économies, comme l’illustre l’importance des échanges commerciaux en son sein.

Dans l’immédiat, deux questions sans réponses restent posées aux gouvernements européens.

1/ Comment abaisser le coût difficilement supportable du financement de la dette des Etats les plus faibles, puisqu’il est peu probable que la relance économique y contribue et qu’il est très vraisemblable que les taux du marché obligataire vont en général se tendre ?

2/ Comment parvenir à réduire les déficits, une fois la charge de la dette ainsi optimisée, quitte à étaler dans le temps le processus pour le rendre moins brutal socialement et incertain politiquement, ainsi qu’à reconsidérer les plafonds exprimés en pourcentage du PIB du déficit et de la dette  ? Ce qui n’est pas encore reconnu comme nécessaire.

Afin de réduire les taux obligataires rencontrés sur les marchés, il n’y a qu’une seule manière de procéder: emprunter au nom d’une entité, quelle qu’elle soit, sous couvert de la garantie de facto ou de jure des Etats qui bénéficient des plus bas taux. La question étant alors posée de savoir ce que les Allemands – puisque c’est d’eux qu’il s’agit en premier lieu – vont demander comme garanties en échange à leurs partenaires européens.

Pour eux-mêmes, ils l’ont exprimé avec le projet d’inscrire dans leur constitution un taux maximum de déficit annuel plafond (0,35% du PIB), une mesure de même nature que l’interdiction faite en son temps à la BCE d’acheter de la dette souveraine. Ils souhaitent également trouver un mécanisme européen qui aille dans le même sens, comme pourraient l’être les conditionnalités dont seraient assortis les prêts d’un futur FME.

De leur point de vue, il est donc nécessaire d’instaurer d’une manière ou d’une autre une contrainte incontournable, quand bien même celle-ci risque de se révéler intenable. Non seulement en raison de son coût social, mais aussi de son coût économique. La politique préconisée par le gouvernement allemand risquant fort de précipiter toute l’Europe (Allemagne comprise) dans une récession, alors qu’elle a de manière fragile tout juste le nez hors de l’eau et qu’il faut la foi du charbonnier d’un Jean-Claude Trichet pour proclamer comme il vient de le faire que la conjoncture mondiale est « robuste »…. Alors que l’on reparle avec de plus en plus d’insistance d’une rechute de l’économie britannique.

L’agence de notation Moody’s vient à ce propos d’annoncer que les notes de crédit des banques britanniques allaient être révisées en fonction de la réduction des aides gouvernementales dont elles ont bénéficié. L’agence évoque une « évaluation au cas par cas de l’impact de l’éventuelle faillite de chaque banque sur la stabilité du système financier ».

Le deuxième volet de ce que l’on peut appeler le plan allemand est tout aussi incertain dans sa réalisation. Il suppose que la spéculation sur la dette souveraine des Etats, via le marché des CDS, puisse être endiguée ou interdite. Après s’être fait tirer l’oreille, la Commission de Bruxelles s’est cependant engagée dans l’étude à un rythme accéléré des mesures qui pourraient être proposées à propos des ventes nues de CDS sur la dette souveraine. Les ministres des finances vont les étudier dès le 16 mars prochain; ils pourraient ultérieurement les adopter, à la majorité, le Parlement européen faisant ensuite de même, ce qui permettrait d’écarter un refus des Britanniques, qui ne se sont pas encore exprimés sur le sujet (la City étant le plus important centre européen du marché des CDS), les rendant ainsi obligatoires pour les 27 pays de l’Union européenne.

Que pèseront ensuite, à Washington, les demandes européennes de régulation générale du marché des CDS, face au blocage général au Congrès des réformes engagées par l’administration Obama ? A peine la Volcker Rule est-elle proposée à la discussion du Congrès, qu’une issue de secours est offerte aux mégabanques (par le Trésor lui-même), sous forme d’un assouplissement majeur de l’interdiction projetée de procéder à des opérations financières sur fond propres pour les établissements voulant conserver le statut de banque (et bénéficier de l’accès aux guichets de la Fed).

Tout réside en effet dans la définition de ce que sont ces opérations, de ce qui sera au final permis et ne le sera pas. Qui devrait en décider, si l’on en croit les dernières nouvelles ? Non pas la loi, qui laisserait ouverte la question, mais un organisme régulateur suprême, dont la configuration fait débat et reste à trancher. Au nom de la même complexité du problème qui fait en permanence obstacle à ce que des mesures soient prises, et dont on a déjà vu à l’oeuvre les méfaits, précisément à l’occasion des débats sur la régulation des produits dérivés… A l’opacité de la finance, correspond la complexité apparente de ses instruments, refuge facile !

Nos apprentis régulateurs européens ne vont pas seulement se heurter aux Etats-Unis à la dure réalité du pouvoir financier, dans sa dimension oligarchique la plus achevée, ils vont devoir reconnaître les limites d’une réforme partielle du marché des CDS. Décidément, vouloir résoudre une question sans aller au fond des choses fait apparaître à chaque fois un autre problème.

Le FMI a proposé une solution toute autre à la première des deux questions que pose la crise de la dette publique. Il a préconisé une sortie par le haut qui serait susceptible de ne pas faire dépendre son financement d’un appel dispendieux au marché. Va-t-elle être prise en considération un jour ou l’autre ? L’attention est actuellement portée sur la dette publique Européenne. Mais si le statut du dollar permet de continuer de temporiser vis à vis de l’énormité de la dette américaine, les dernières estimations du Congressional Budget Office (CBO), font frémir et dresser les cheveux sur la tête.

« Si l’on suit le budget du président, la dette détenue par le public passerait de 7.500 milliards de dollars (53% du PIB) à la fin 2009 à 20.300 milliards de dollars (90% du PIB) à la fin 2020 » prévoit dans une récente note le CBO. « Le service de la dette devient l’une des principales catégories de dépenses du budget fédéral et il fera plus que quadrupler dans les 10 années qui viennent, passant de 209 milliards de dollars cette année à 916 milliards de dollars en 2020 », a de son côté estimé la commission du budget de la Chambre des Représentants.

On est loin de la Grèce et des dangers de son écroulement !

58 réponses sur “L'actualité de la crise: à la recherche d'un miracle de dernier ressort, par François Leclerc”

  1. Tant que les américains ne se seront pas totalement éffondrés, RIEN ne sera possible. Les européens feraient bien d’en prendre conscience, et de repenser leurs liens avec les pays du BRIC. Il faut précipiter l’effondrement du dollar. C’est, à moyen terme, une question de survie pour les pays européens.

    1. Effectivement, bien que toutes les têtes de l’hydre libérale ne se trouvent pas là bas, ça devrait aider. En attendant, on tourne autour du pot : les pauvres des pays riches ont été plumés depuis longtemps, les classes moyennes sont en train de l’être : la pompe production-consommation qui permet à l’économie de tourner normalement est durablement désamorcée. Tous les rafistolages bricolés au niveau de de la sphère financière n’y feront rien lorsque c’est le moteur même de l’économie réelle qui est cassé. Une chose fera la différence : soit les peuples surmonteront leur abattement et se révolteront, soit ils n’auront pas la force de réagir et alors … Je ne prends même plus le temps de lire les discours qui président à ce genre de spectacle.

    2. bonjour,

      Tout à fait !

      L’Idée d’un FME = c’est trop tard!

      La Nouvelle Histoire est plus rapide et plus souple,
      que les vieux dinosaures comme
      Jean-Claude Trichet (& compagnie)

      C’est eux les obstacles.

    1. Ces agences, on ne le répètera jamais assez, sont des ennemies publiques.
      Ces agences de notation créent les problèmes qu’elles prétendent mesurer.

      Quand va-t-on stopper cette mascarade ? !!
      Quand va-t-on déclarer d’inutilité publique ces agences de droit privé ?

  2. L’Allemagne n’est-elle pas une société gérontocratique ?

    Privilégiant l’épargne des anciens aux dépenses des jeunes.

    Jeunes, un mot qui risquent de disparaître du vocabulaire allemand dans les prochaines décennies.

    Un pays qui traîne depuis plus de 20 ans , un taux de fécondité de 1,3 enfants par femme.

    Constitutionnaliser le déficit va être dur avec une population vieillissante.

    La France en 2050 aura dépassé l’Allemagne , d’après les prévisions des démographes , pour devenir le pays le plus peuplé d’Europe

    De plus,elle risque de ne plus tenir son rangs lorsque l’on voit les progrès des pays asiatiques comme le Corée du Sud, la Malaisie ou Taïwan-Chine.

    Sans oublier les achats de multinationales occidentales pour le transfert de technologies comme on peut le voir dans le secteur automobile.

    Sa spécialisation dans les machines-outils et son fort excédent commerciale l’ont aidé lors du boom des investissements productifs de la dernière décennie.

    On pourrait rajouter qu’une partie de sa croissance s’est faite sur le dos de ses partenaire européens , en dévaluant ses coûts salariaux avec les mesures Hartz IV, et sa TVA sociale

    Les allemands devraient arrêter de se prendre pour des personnes vertueuses car comme le rapport de la Bafin, ses banques n’ont pas encore révéle tout l’ampleur des dégats de la crise financière .

    1. Bonjour.

      Je rejoins cette analyse, j’ai l’impression que chacun tente de croire, sans etre tres convaincu, que son modele est a conserver et est le meilleur.

      L’allemagne, comme la france et tant d’autres pays europeens, se leure.

      Sur la constitutionalisation des politiques economiques, c’est d’une betise crasse, une constitution c’est fait pour organiser la vie en commun. Il faut permettre, a l’interieur de la loi fondamentale, le fonctionnement de tout type de politique economique, qui releve du choix democratique des peuples.

      La, on propose aux allemands, la sanctuarisation du monetarisme. Il faut au contraire de la souplesse pour s’adapter aux situations, meme si je serais plutot pour le principe de l’equilibre budgetaire au moins sur le fonctionnement de l’etat, le deficit etant permis sur les investissements.

    2. @ des apprentis régulateurs ?? au moins on reconnaît qu’ils veuelent réguler !

      Franchement la tonalité de certains posts ne me plaît pas .
      Sur le fond , je l’ai déjà dit la vison que l’on nous propose est a-institutionnelle, purement économique alors que les logiques institutionnelles sont en jeu
      Et comme je l’ai annoncé dans un post , toute vision a-institutionnelle tournera à l’avantage des anglo-saxons . C’est le cas lorsqu’on fait l’articie du FMI : on l’a vu quand le FMI a tenté de s’immiscer dans l’affaire grecque . Trois points
      Dans ce débat j’ai proposé une autre lecture des affrontements , qui me semble plus réaliste ( d’autant que j »ai quand même quelques sources d’information ) : l’Europe a abordé la crise bloquée à la fois par l’offensive britannique et à la fois par le Non français. Qu’on mesure le chemin accompli depuis trois ans ! C’est dans les crises que les choses se passent ! Et aujourd’hui comme disent les Echos elle s’est remise à avancer . Je regrette que cela ne réjouisse pas tout le monde

      Deuxièmement sur le fond économique , il y a quand même une contradiction béante à tenir une telle analyse dans un blog consacré à la spéculation : on ne peut pas d’un côté lutter contre la spéculation et de l’autre côté prôner l’endettement, car c’est l’endettement des Etats qui encourage la spéculation . J’aimerai que JF Leclerc nous explique où en serait l’Europe si l’Allemagne et la France avaient écouté les sirènes du FMI et avaient augmenté leur déficit au niveau de l’Angleterre et des USA. Nul doute qu’il tiendrait le même discours mais encore plus fort car l’euro serait plus faible

      Enfin sur le fond : qu’il se rassure, ni Sarkozy ni Merkel n’imaginent qu’ils vont réguler la planète finance , alors que le pouvoir y est anglo-saxon. Leur enjeu est tout simple : commencer à réguler en passant outre à l’opposition vent debout de l’Angleterre . Id est commencer à tordre le bâton dans l’autre sens. Dans un précédent mail j’avais écris Merkel 1- Goldman Sachs 0. Depuis la position de la commissions c’est Merkel Barnier 2 Goldman Sachs 0
      Au lieu de dénigrer , la moindre des chose serait d’appuyer cette position, quelles que soient ses limites
      amicalement

    3. Il faudrait demander à Emmanuel Todd son avis sur les aspects démographiques de la crise…

    4. @ claude roche 10 mars 2010 à 08:58

      De la diversité.
      J ‘ adhère à vos vues politiques sur les anglo-américains.
      ( Le traditionnel « anglo-saxons » est perçu comme légèrement
      méprisant par les interessés. Et il est inexact.
      La France serait-elle celto-gauloise ?).

      Mais votre défense de l’ Europe ( et des banquiers !)
      ne passe pas.
      « Qu’on mesure le chemin accompli depuis trois ans !
      C’est dans les crises que les choses se passent !
      Et aujourd’hui comme disent les Echos elle s’est remise à avancer . »
      Je n’ arrive pas à croire que la solution aux problèmes européens
      réside dans plus d’ Europe.
      L ‘Europe est un outil coercitif pour faire absorber à l’opinion
      une potion qui est prouvée mauvaise et qu ‘elle ne veut pas.
      Je vous prie de croire que cette prise de position
      n’est ni en faveur des anglo-américains, ni un appel
      à plus d’ endettement. Quoique, cet endettement pourrait être
      un moyen de désserer les boulons !
      ( J’ai supprimé « désserer les boulons comme le disait François Leclerc ».)

      Je suis inquiet du satisfecit des Echos: vers quoi, dans quelle direction
      l ‘ Europe s’est-elle remise à avancer ? Je gage que sa direction
      n’est pas celle que je souhaiterais. Et cette crise n ‘est pas salvatrice:
      De crise en crise jusqu’à la chute finale. ( à nouveau Emmanuel Todd.)

    5. une petite précision ,la corée du sud c’est la france des années 60 ni plus ni moins , dans 30 ans leur potentiel sera grillé comme le notre …

    6. @ Claude Roche

      Dans votre réponse à François Leclerc (rebaptisé bien involontairement John Fitzgerald « JF » Leclerc 😉 vous défendez l’idée qu’on ne peut pas prôner l’endettement des Etats au risque de faire flamber la spéculation. Selon vous, une telle analyse serait la preuve d’une contradiction béante dans un blog consacré à la spéculation.

      Vous enfoncez le clou en précisant que « la tonalité de ce post ne vous plait pas », concluant de manière tonitruante « qu’au lieu de dénigrer, la moindre des choses serait d’appuyer cette position (projet de régulation du marché des CDS) ». Les sceptiques seront traduits en cour martiale?

      Pour revenir à la question de la dette, pourriez-vous développer votre vision de la manière dont un Etat doit s’y prendre pour faire face à une baisse de 50% du rendement de l’impôt sur les sociétés d’une année sur l’autre? Diminuer corrélativement ses prestations à la seule fin d’éviter le recours à l’endettement?
      Parce que la politique consistant à rogner sur toutes les dépenses de redistribution me semble être un peu fatiguée… Il y a longtemps que la mauvaise graisse a disparu, on est même en train d’attaquer l’os. Prestations sociales, enseignants, hôpitaux, etc etc.

      Il est vrai qu’en se privant délibérément de dizaines de milliards d’euros de recettes, les équilibres budgétaires sont complexes à trouver, et ça fait déjà longtemps, très longtemps que ça dure. Un exemple récent : 22 milliards de recettes perdues en trois ans, ici =>

      http://www.lesechos.fr/info/france/020355687296-plus-values-de-cessions-exonerees-nouvelle-charge-de-didier-migaud.htm

      …le tout dans une « union » où le dumping fiscal fait des dégâts jamais chiffrés, mais franchement, ça intéresse qui? =>

      http://www.droitbelge.be/news_detail.asp?id=307

      En résumé : après des années de rigueur budgétaire marquées par des politiques fiscales d’une duplicité à donner la nausée, il faudrait donc se réjouir de ce que « l’Europe se remet à avancer »? Mais vers quoi? Vers une harmonisation fiscale et sociale? J’ai comme un doute, mais ça me passera. D’ailleurs, bientôt, se réjouir de ce qui nous tombe sur le coin de la figure sera la moindre des choses. Peut-être même que ce sera obligatoire.

      Ca me conduit à songer qu’il est difficile de parler de certains sujets tels que l’endettement en faisant abstraction des populations. C’est d’ailleurs l’un des mérites des billets de François Leclerc que de ne jamais perdre de vue les peuples et leurs souffrances derrière les options politiques, que l’on soit d’accord ou pas avec sa lecture prospective des événements.

    7. @ Claude Roche

      Nous n’utilisons pas les mêmes grilles d’analyse !

      Il est vrai que j’emploie les Allemands ou les Britanniques, par commodité de langage, mais les faits nationaux me semblent particulièrement peu pertinents pour expliquer la crise globale du capitalisme financier.

      Quand à la dette publique, elle s’inscrit dans un contexte financier et monétaire qui interdit de la comparer, par analogie et facilité, avec celle des particuliers que nous sommes. La réflexion doit donc porter sur l’ensemble du phénomène et ne peut plus se limiter au triptyque remboursement-inflation-répudiation comme moyens de la résorber.

    8. @merci pour toutes ces réponses.
      Ce qui montre que le débat est possible , chose assez rare pour être saluée
      Malheureusement je suis prispar mes activités professionnelles. j’espère revenir sur cette réponse en fin de journée
      amicalement

    9. Cher FRANCOIS Leclerc

      La remarque sur les Allemands ne vous visait certainement pas : dans votre bouche il s’agissaitt d’une formule classique pour désigner l’action d’un Gouvernement et légitime de surcroît car ce gouvernement exprime manifestement ce que ressent le peuple en question. Et j’en profite pour vous remercier encore de la qualité de vos articles : ne serait-ce que par ce qu’ils permettent le débat sur l’actualité ; ce que ne fait plus la presse.

      Continuez, mais pour commencer à vous répondre, deux informations sont venues s’immiscer entre nos deux post. La première issue du Figaro illustre bien la volonté de la commission européenne (depuis Barnier) d’interdire UNE forme de spéculation.
      http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2010/03/11/04016-20100311ARTFIG00597-produits-derives-l-europe-veut-interdire-la-speculation-.php

      La deuxième nous apprend que les Américains, sous la directives de « Saint Barrack Obama » montent au créneau pour défendre la spéculation ( il y est obligé car le lobby anglais a été battu, et de plus il semble que quelques travaillistes lorgnent vers l’Euro)

      http://www.lesechos.fr/info/marches/afp_00236872-hedge-funds—geithner-aurait-mis-l-ue-en-garde-contre-toute-discrimination.htm

      Quelle preuve vous faut-il qu’il y a bien deux politiques différentes et divergentes face à la spéculation ? Et que ce sont bien deux politiques institutionnelles et non la lubie de tel ou tel dirigeant ? Pourtant et manifestement vos articles ignorent cette réalité, ils ignorent surtout qu’elle structure la « gestion internationale de la crise » autour d’une divergence fondamentale. C’est la seule critique qu’on doit faire à ces articles. Mais elle est essentielle. Pourquoi ?

      En fait vous vous trompez de crise. Vous nous décrivez un paysage à la 29 avec une crise financière balayant toutes les barrières sur son passage et jetant les peuples dans la misère et dans la rue. Comme en 29. Mais en 29 il s’agissait d’une crise du capital industriel, commençant en bourse et se traduisant par une vraie plongée de l’investissement. Fondamentalement elle a à peine égratigné la monnaie Ce fût violent, mais court car il existait des alternatives politiques : Keynes, Roosevelt, le Front Populaire et même Hitler (ce sont ces politiques d’ailleurs qui ont posé les germes de la crise actuelle). « Les ouvriers contre les rentiers »comme disait Hilferding.

      Mais la société n’était pas affectée quant au fond .. 1929 ce n’était pas très grave. La crise actuelle est beaucoup plus profonde que cela, car elle touche la monnaie c’est-à-dire le coeur des relations des gens entre eux . Elle est plus grave mais moins violente ( la récession que l’on a connu est d’abord un ajustement des stocks).. mais elle est beaucoup plus durable.. et ce coup ci elle risque de déstructurer pour de bon les relations sociales . La preuve ? Il n’y a pas et il y aura peu de manifestations en Grèce ou en Espagne : car vous le savez , vous, ancien militant : quand le peuple manifeste ce n’est jamais « par désespoir dans une société déstructurée », mais au contraire parce que la société est structurée et qu’il existe un espoir ( une alternative).

      Aujourd’hui c’est la cohésion même de la société qui est en jeu. Croyez moi c’est plus grave ..QUE les millions de chômeurs que l’on compte depuis 2007 . Quelque soit la douleur que cela représente déjà.

      Alors pourquoi in fine cette différence entre deux politiques, l’américaine et l’allemande?

      . C’est en fait assez simple
      Les peuples ont la mémoire institutionnelle de leur expérience historique. Les Américains ont connu 29 et nous imposent cette mémoire ( c’est la seule chose in fine qu’on doit leur reprocher). Ils réagissent en fonction de cette crise.. et ils empirent les choses en faisant du keynésianisme. Je crois que la démonstration est assez faite

      Les Allemands ont la mémoire de la crise de Weimar : non pas parce qu’elle aurait « libéré leurs vieux démons « comme on le dit et comme s’il s’agissait d’un peuple à demi-civilisé. Mais parce qu’ils savent ce qu’est une crise financière et qu’elle détruit littéralement la société. C’est ce qu’ils cherchent à prévenir.

      1929 c’était une bourraque, 1923 c’était un vrai cyclone
      Voilà pourquoi il y a deux politiques face à la crise, et surtout voilà pourquoi la politique allemande est dix fois plus responsable que la politique américaine.

      Amicalement

      @ David, Frederoc

      Je vais vous répondre rapidement, le temps me manque
      Votre raisonnement est logique et on peut donc en mesurer les conséquences

      . Vous dites , il faut accepter l’endettement sinon c’est l’austérité. Mais c’est un raisonnement à court terme qui consiste à reculer le mal, tout en l’aggravant car vous allez nourrir la spéculation . Je ne trouve pas la chose très responsable. En tous cas : sachez que c’est la politique défendue par les financiers américains !

      Vous dites : l’Europe aggrave les contraintes budgétaires , il nous faut de l’espace . Ce n’est pas très responsable car « en cherchant de l’espace » vous aggraverez les choses au lieu de les améliorer : imaginez un nouveau NON en France ( il ya beaucoup de partisans sur ce blog) . Dans la minute même la dette souveraine de la France prend 1 à 2% de taux d’intérêt en plus . C’est-à-dire : l’équivalent du manque à gagner en 2009 ! Est-ce cela que vous voulez ?

      En, fait derrière cette discussion il y a une idée fausse : la fameuse idée que l’austérité oppose « le peuple au capital » ; et donc seuls les libéraux sauvages pronent l’austérité
      Cela c’est de la vieille histoire , celle d’un temps que nous avons quitté avec la financiarisation.

      Mais je n’ai pas le temps de développer , les événements se chargeront de l’illustrer.

      amicalement

    10. Claude Roche,

      Le keynésianisme dont vous affublez le gouvernement Obama a tout comme le canada dry la couleur l’odeur du canada dry mais ce n’est pas du canada dry. Bref, il n’a pas la saveur roosveltienne.
      Renflouer les banques à coup de milliards ce n’est pas du keynésianisme, c’était seulement éviter que le système financier s’effondre.

      Le keynésianisme dans son inspiration originelle visait à stimuler la demande en rétablissant une solvabilité perdue.
      L’austérité pour le plus grand nombre, ce sont des coupes dans les dépenses sociales. C’est renforcer les inégalités et préparer un monde encore plus inhumain.

      Pour éviter une crise sociale gravissime il n’y a pas trente six mille solutions. Il faut diminuer fortement la rente du capital afin de solvabiliser la demande tout en stimulant, créant les activités économiques durables, celles à même d’enrichir le tissus social, offrant ainsi enfin une alternative sérieuse au monde de l’hyper compétitivité, à terme dommageable pour l’humanité toute entière. Le problème de la dette deviendrait tout à fait secondaire dès lors que serait affichée une forte volonté de prendre ce nouveau cap. Comme le fit un Roosevelt en son temps. Bref il ne manque que la volonté politique. Ce n’est pas essentiellement un problème comptable.
      A nous donc citoyens de montrer où se trouvent les vrais enjeux.
      Je saisis mal à vrai dire votre position selon laquelle en instaurant l’austérité nous irions vers un mieux, de d’autant plus que vous dites que la crise sociale est beaucoup plus grave qu’en 29. Raison de plus alors pour ne pas opérer des coupes budgétaires indispensables pour maintenir une certaine stabilité sociale.

      Si plutôt que de parler d’austérité vous évoquiez une société moins gourmande en ressources énergétiques, naturelles, en matières premières parce qu’elle investirait dans des domaines nouveaux et indispensables pour notre réel bien être. Non, je ne crois pas qu’il faille moins investir, au contraire. Mais assurément il faut investir autrement.

      Prôner l’austérité c’est baisser la garde, battre en retraite devant une idéologie en grande partie cause de la crise actuelle .

    11. @pierre Yves D
      Je vous remercie de répondre sur le fond, mais ne peux vous faire qu’une remarque à la fois théorique et pratique
      Notez que je ne parle pas d’austérité mais de rigueur budgétaire c’est vous qui parlez d’austérité
      D’un point de vue théorique je vous ai déjà répondu dans un billet invité :. Dire qu’il faut de la dépense sociale pour éviter les ingalités est un raisonnement macroéconomique qui marche de moins en moins car lorsque vous le tenez vous faîtes comme si la crise financière n’existait pas. Autrement dit vous faites comme si il était possible d’augementer le déficit sans que cela touche à la valeur de la monnaie ( id est ici àla signature de la république française ) : c’est de plus en plus faux . Nous rentrons dans une période où dépenser plus se traduira par une aggravation des inégalités selon l’équation : dépense ==> emprunt ==> augmentation du coût de la dette ==> baisse des capacités de dépense de l’état ==> inégalité
      Pratiquement : vous dites ensuite qu’il faut baisser la rentabilité du capital productif . Je signe des deux mains. Mais comment voulez vous contrôler cette rentabilité si vous baissez le contrôle que vous avez sur le système financier ? C’est pourtant le résultat mécanique de toute politique de dépense ..
      Encore une fois : vous ne pouvez pas avoir de marge de manoeuvre même minimale en politique économique au niveau d’un Etat comme la France, si vous n’avez pas au préalable le contrôle de vos finances . Et croyez moi c’est pas gagné
      Moralité : nous rentrons dans une période où la démagogie va trouver un boulevard devant elle. Mais la responsabilité c’est de dire les choses telles qu’elles sont, même si elle ne font pas plaisir à entendre .. ce dont je suis conscient
      amicalement

    12. Nous y sommes !

      Votre notion de « politique institutionnelle » m’est étrangère et je ne vois pas ce qu’elle apporte à la compréhension de la crise et des manières de se situer par rapport à elle.

      Je crains fort qu’analyser celle-ci au travers le prisme des positionnements de tel ou tel gouvernement risque d’apporter plus d’obscurité que de clarté. Certes, les histoires nationales ne peuvent pas être mises entre parenthèses, mais la crise est globale et appelle la recherche d’une analyse qui le soit également.

      L’une des causes profonde de celle-ci me semble avoir été clairement identifiée: c’est l’accroissement de la répartition de la richesse (vérifiable aussi bien dans les sociétés qualifiées de développées que dans celles qui sont réputées ne pas l’être.)

      De ce dernier point de vue, je rejoins votre interrogation à propos du maintien de la cohésion sociale. Et je l’élargis en manifestant mon inquiétude devenant les moyens qui pourraient être utilisés pour y parvenir.

      Est-ce que je me « trompe de crise », comme vous me l’opposez ? Je fais la différence entre le capitalisme du début et celui de la fin du XX éme siècle ! Il avait lors de la crise de 1929 des marges historiques de développement devant lui, dont on peut à juste titre se demander s’il les possède toujours, s’il est toujours légitime

      Qu’un système soit à bout de souffle ne l’empêche pas, parfois, de durer. L’histoire l’a montré. Mais à quel prix !

      Amicalement à vous,

    13. Le commentaire de Samuel semble avoir amené un paquet de bonnes réflexions et une richesse de points de vue qui fait plaisir à lire.

      Si je peux me permettre d’y mettre mon grain de sable dans les rouages qui ne sont comparables qu’aux scories dévalant les pentes abruptes du volcan de mon imagination fertilisée par les apports en minéraux tels les crues produisant des ares de terres fécondes propices à la culture qui, comme vous le savez, au plus on en a, au plus on l’étale…
      (commentaire de période Frédérico-Dard-San-Antonionesque qui passera comme elle est venue…)

      Sinon, Samuel, grave erreur d’opposer (comme me l’avait un jour sorti un de mes ouvrier) les jeunes cons et les vieux cons. Allemands ou non. Ca marche de toute façon partout pareil.
      Ce ne sont pas spécialement les « vieux » qui ont créé les difficultés des jeunes. Ou en tout cas, ce n’est « que » partiel.
      C’est la montée de l’individualisme.

      A tous.
      Si vous prenez autant de recul qu’à peu près un satellite, deux choses :
      – nous sommes revenus dans une société féodale.
      Et ça me fait marrer grave que des personnes que je côtoies se croient riches en étant millionnaires… alors qu’en réalité, à partir de 500 millions, vous êtes juste un vassal performant, rien de plus. Et encore… il ne s’agirait pas d’être un ennemi gênant…
      En dessous, de la plèbe.

      Concernant 1929, et tout le monde semble faire l’erreur de différencier les « phases » d’une crise, (car elle devient monétaire koikyl (en soie) arrive) la cause commune de 1929 et l’actuelle est, comme toujours, une trop grande concentration de richesse qui amène, comme d’hab, une corruption du politique.
      Et avec un peu de bol, nous devrions pouvoir suivre mieux cette fois-ci les géniaux déroulements du boxon avant qu’une guerre vienne gêner la suite des épisodes de la série captivante dont les acteurs écrivent la suite au jour le jour…
      Série américaine, peut-être…???

    14. @tous,

      Sur le net, on mélange allégrement les politiques de relance de la demande par l’argent, et les politiques de relance par le crédit, en mettant tout cela dans le grand sac du Keynesianisme, histoire de ne pas avoir à trop parler de Chicago. C’est pourtant tellement différent comme philosophie !!

      Et nous retombons sur l’illusion qui consiste à appeler monnaie, deux choses si différentes que sont l argent et la reconnaissance de dettes.

      Pour ma part, je pense qu’il faut continuer à nourrir la bête, en lui offrant ce qu’elle mange. De la dette. En lui offrant une dette de plus en plus lointaine (FMI, FME), de plus en plus éloignée du réel, on fabrique les conditions de l’étanchéité qui pourra permettre de s’asseoir autour d’une table et de compter les points.

    15. @François Leclerc
      Je vous remercie de ce post et notamment de la courtoisie que vous manifestez . C’est rare et de temps en temps je me pince en me demandant si ce blog existe bien tant il réserve de (bonnes surprises) .
      La différence entre nous porte bien sur le rapport entre les institutions et l’économie, que je valorise effectivement. Et comme le dit PJ le but est le même Ou plutôt la conscience du danger
      Nous aurons sans doute l’occasion de préciser nos positions
      Continuez sur cette voie
      amitiés
      PS pour David : la politique du pire n’amène jamais le meilleur !

    1. « Face à l’écroulement d’Icesave, les autorités britanniques ont recouru en 2008 à la législation antiterroriste pour geler les avoirs islandais au Royaume-Uni. »

      N’est-ce pas HONTEUX ????????????????????????

      VOILA CE QU’EST ETRE TERRORISTE : NE PAS VOULOIR PAYER !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

      Comme toute personne qui s’oppose au système, me direz-vous…

      Tout cela atteint des sommets tels qu’il semblerait bientôt possible de penser que c’est de la provocation.

  3. A mon avis seul le FMI est en mesure d’aider l’Europe par l’institution d’une nouvelle unité monétaire. C’est le qeul moyen de mettre de l’ordre dans le système monétaire mondial. Un genre d’émission de DST amèlioré.?

    1. Bonsoir. Désolé, mais : non.

      Le FMI (bras armé financier des US) est juste là pour faire supprimer tout service public pour le remplacer par du privé.
      Si vous vous y connaissiez en économie, vous sauriez que l’on fait des changements utiles lorsque la situation est bonne.
      Lorsque la situation est mauvaise, on ne peut faire que du sauvetage pour éviter le pire. Hors, un changement de monnaie à l’heure actuelle serait une catastrophe pour n’importe quel pays de la planète.
      (et d’ailleurs, entre parenthèses et entre nous, c’est lorsque tout allait bien qu’il fallait prévoir le pire…Mais si l’Humanité était adulte, ça se saurait……..)

    2. Tiens, au fait :

      J’ai une ile grecque, un parthènon, une colonne de Rhodes, un Palais de la Découverte, une tour Eiffel, et toute la littérature française à vendre.
      Je fais un prix de groupe à un million de dollars tout ronds…

  4. Et pendant ce temps les shadocks pompaient, pompaient, pompaient…

    « Conformément au programme de financement de l’Etat français pour 2010 dévoilé fin décembre 2009, l’ Agence France Trésor a annoncé ce matin la création de l’OAT 25 avril 2060. Le placement de cette nouvelle obligation de référence à 50 ans, qui portera sur un montant allant de 3 à 5 milliards d’euros, sera réalisé par syndication. Les chefs de file de l’opération sont Barclays Capital, BNP Paribas, Deutsche Bank, JP Morgan et Société Générale. L’ensemble des SVT fera partie du syndicat. Selon des sources de marché, la syndication devrait probablement être réalisée d’ici la fin de la semaine. Cette nouvelle obligation sera par la suite abondée pour répondre à la demande des investisseurs et pour garantir sa liquidité. »

  5. Et si il n’y avait pas de solutions à la crise ? J’entends parler de dettes, de monnaie… Pourquoi pas ? J’ignore si la finance constitue un bon pompier, à défaut d’être secouriste. Je crois qu’au fond ça me fait plutôt rire. Bon, et pour le monde réel il se passe quoi ? Le dragon chinois sort de son long sommeil, et on sent bien qu’il a envie de se bouger un peu. Et le prix du baril monte, monte… Incroyable, non ? L’un alimentant l’autre, soit dit en passant ! Et alors, pour la vieille Europe et les USA c’est plutôt bon ou plutôt pas bon ? J’imagine que c’est plutot pas bon. Et si c’est structurel et non conjoncturel alors c’est vraiment pas bon du tout ! On tombera avec le pétrole si rien ne change. Pas demain, c’est certain. Mais pas dans 50 ans non plus !

    1. L’enjeu majeur des prochaines decennies, c’est bien entendu une revolution energetique, d’une ampleur equivalente au passage de l’electricite a la bougie.

  6. @Samuel

    Pour compléter votre propos, voici quelques données chiffrées (datant de fin 2009) :

    Dette publique % PIB : Allemagne 73%, France 75%

    Ainsi, la séparation du vice et de la vertu se situe très exactement à 74%….

    Endettement global (collectivités + entreprises + ménages) en %PIB, prévisions 2010 (donc un peu d’incertitudes) : Allemagne 203%, France 200%. Ici, la ligne de vertu disparaît purement et simplement.

    Ces simples chiffres méritent d’être gardés en mémoire à chaque fois que « les observateurs » font référence à la vertu allemande. Alors pourquoi est-ce invariablement asséné? Je n’ai bien sûr pas la réponse, mais seulement 2 hypothèses :
    – la simple « persistance rétinienne » (pour ne pas dire paresse intellectuelle) qui prolonge jusqu’à aujourd’hui les réalités des années 70 et 80,
    – la politique de déflation co-organisée et annoncée haut et fort : outre le projet de loi sur le déficit… pour 2016, déjà cité, l’accord de blocage salarial pendant 3 ans dans la métallurgie.

    1. @François Le Sombre:

      « Je n’ai bien sûr pas la réponse, mais seulement 2 hypothèses :
      – la simple « persistance rétinienne » (pour ne pas dire paresse intellectuelle) qui prolonge jusqu’à aujourd’hui les réalités des années 70 et 80,
      – la politique de déflation co-organisée et annoncée haut et fort : outre le projet de loi sur le déficit… pour 2016, déjà cité, l’accord de blocage salarial pendant 3 ans dans la métallurgie. »

      –> Tout à fait, mais j’y ajouterai un autre élément à mon avis encore plus déterminant: une pure campagne de propagande et de longue haleine visant:

      – à dénigrer systématiquement le « modèle français » réputé bien trop étatiste et trop social aux yeux de nos chers libéraux. Quitte à vanter pour cela le « modèle allemand » qui n’en est pas un, ni n’est non plus purement libéral même si le pseudo « modèle rhénan » s’est fortement dégradé depuis Schröder (un social démocrate au fait !)

      – à démoraliser la population en vue du basculement souhaité vers le libéralisme de préférence anglo-saxon. Confère l’élection de Sarkozy

    2. @françois Le Sombre,

      Et pour appuyer mon propos, je me réfèrerai à un examen attentif de l’appartenance politique de nos adeptes de la « France qui tombe », de la « France qui perd » et autres propos systématiquement dépressifs tels le regrettable (j’ai failli dire regretté en un vilain lapsus) Jacques Marseille par exemple.
      Tous des ultra-libéraux convaincus et souvent d’anciens maos et même marxistes en ce qui concerne le sus-nommé Jacques Marseille.

    3. La réponse est : idéologie (monétariste, ordo-libérale, néo-libérale, enfin apparentée quoi), sous couvert du pragmatisme scientifique…Les gens qui continuent à nous abreuver de modèles allemand, britannique (on les entend quand même moins en ce moment ceux là), sont tout simplement des idéologues, de ceux qui glosaient sur la fin des idéologies, vous voyez…

      Je rappelle que cette idéologie est inscrite dans les traités européens. Alors les bonnes volontés qui veulent croire en la régulation sur les bases institutionnelles actuelles me font doucement soupirer. Ils n’ont toujours rien compris…

  7. L’actualité de la crise, le feuilleton de la crise européenne..

    Il semble qu’il y ait, pour compliquer les choses, une polyphonie de voix au sein du ‘camp’ allemand
    , qui, apparemment, diffère de celle de la ‘mauvaise’ coalition au pouvoir, et, amha, une divergence
    de positions entre l’Allemagne et la France. On pourrait caractériser celle de la France comme une
    variation du ‘extend and pretend’ en cours aux Etats-Unis, jusqu’ à que ce que les signaux passent au rouge, Fitch hier par exemple.

    De l’autre cote, Jurgen Stark, dans des propos largements repris dans la blogosphère américaine
    (Jurgen Stark warns of lost decade possible) à l’occasion d’une conférence
    à Arlington, Va, a aussi indiqué, ce qui n’est pas tout à fait sa fonction, que la croissance allemande
    risquerait d’etre négative au 1 e trimestre, mais signale publiquement le problème allemand, ajoutant à ce que Martin Wolf baptise du nom de ‘cauchemar allemand de la crise de l’Eurozone’,
    recommandant pour prévenir l’aggravation de la crise des finances publiques europénnes, que l’Allemagne devienne moins allemande si elle veut voir l’eurozone devenir plus ‘allemande’ face à la crise fiscale….

    Simon Johnson, qui est loin d’etre un naif, dans un commentaire sur le EMF, estimait la somme nécessaire à sa crédibilité à 750 milliards d’euros, dont 500 sous la forme de lignes de crédit…des sommes qui ne pourraient etre obtenues que par le recours à l »euro-bond’.

    Enfin, je voudrais signaler aux lecteurs du blog, un article de fond signé par une équipe du Spiegel
    , en version anglaise, sur l’Euro, ‘paru’hier:

    Built on a lie: The fundamental flaw of Europe’s common currency

    1. C’est certain qu’a force de saboter les recettes fiscales….
      Même si les agences de notation peuvent être accusées de beaucoup de maux ce qu’elles disent a un certain écho chez les ortho-économistes.

    2. à Charles :
      Vous avez vu la case rouge du Japon ?
      J’ai lu quelque part qu’il leur faudra lever 213 trillion de yens l’année prochaine (1 725 milliard d’euros). Cela fait beaucoup pour une économie dont le taux d’épargne diminue car les retraités liquident progressivement leurs avoirs pour vivre (effet retraite par capitalisation dans un pays veillissant).

    3. C’est là que l’histoire commence : si les marchés financiers essayent de faire à la France ce qu’ils font à la Grèce, quelles seraient les répercussions ? Pour préciser ma question, si l’attaque était de même ampleur, ce ne serait pas aller au casse-pipe pour Goldman Sachs and cie ? En fait, c’est un peu maso comme réaction, mais s’ils veulent attaquer la France, qu’ils le fassent. J’ai toujours pensé que ce pays avait énormément de défauts mais qu’il avait une qualité peu commune : celle de surprendre (positivement)

  8. Si personne ne l’a relevé avant moi,
    « 1/ Comment abaisser le coût difficilement insupportable du financement de la dette … » : n’est-ce pas plutôt « difficilement supportable » ?

    Si j’ai raison, faites la correction, et faites sauter mon commentaire !…

    Sinon, comme d’habitude, bravo pour votre clarté. Merci.

  9. C’est quand même bizarre cet empressement subitement de nos amis allemands à vouloir créer très très vite un « FME » alors que le FMI existe déjà ! Peut-être que l’intervention du FMI chez elle fait moins peur à la Grèce (qui en use même comme d’une menace ! c’est curieux quand même décidément) qu’à l’Allemagne (et Trichet aussi) !

    Peut-être les « raisons » allemandes sont-elles à rechercher du côté de ce que disait Simon Johnson dans un article récent ?
    http://www.project-syndicate.org/commentary/johnson5/French

    1. Introduire le FMI dans la bergerie européenne, c’est forcément affaiblir l’influence régionale de la France et surtout de l’Allemagne. Avec un FME, c’est l’Allemagne qui aurait un poids décisif (le même que sur la BCE). Avec le FMI, l’Allemagne n’aurait qu’un poids secondaire.

  10. un truc tout simple pour stopper la spécualtion :

    débrancher la prise électrique des serveurs de SWIFT,Clearstream,etc ..

  11. L’inacceptable social et politique implique une modification des traités fondateurs de l’Europe, l’incorporation des notions de solidarité et d’assistance entre pays membres,toutes choses qui sont actuellement interdites.Le reste n’est que baratin !

  12. Réponse à la deuxième question : celle de la réduction du déficit. Frédéric Lordon vient, dans le Monde Diplomatique de ce mois, il n’est pas le seul, de proposer une solution très efficace, à condition que nos gouvernements en aient la volonté politique…. Ce qui évidemment, vu la couleur de ceux-ci n’est pas à l’ordre du jour. Ce qui prouve, une fois de plus, qu’en dernier ressort c’est bien « l’action politique » au travers de gouvernements de « démocratie représentative » ou d’irruption sur la scène ou le pavé du « peuple souverain » qui déterminera la « réponse » à cette question…

  13. A mon avis, il aura des gros problèmes, non seulement à cause de la Grèce. Les pouvoirs en place et notamment l’Allemagne veulent, coût que coût, assurer l’existence de l’euro. Ils seront donc obligés – je dirais même contraints et forcés par les circonstances – d’augmenter les impôts tout en réduisant, en même temps, les salaires et avantages sociaux. Je ne suis pas convaincu que cela plaise à la working class dans les différents pays.

  14. Les Animaux malades de la peste

    Un mal qui répand la terreur,
    Mal que le Ciel en sa fureur
    Inventa pour punir les crimes de la terre,
    La Peste (puisqu’il faut l’appeler par son nom)
    Capable d’enrichir en un jour l’Achéron,
    Faisait aux animaux la guerre.
    Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés :
    On n’en voyait point d’occupés
    A chercher le soutien d’une mourante vie ;
    Nul mets n’excitait leur envie ;
    Ni Loups ni Renards n’épiaient
    La douce et l’innocente proie.
    Les Tourterelles se fuyaient :
    Plus d’amour, partant plus de joie.
    Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis,
    Je crois que le Ciel a permis
    Pour nos péchés cette infortune ;
    Que le plus coupable de nous
    Se sacrifie aux traits du céleste courroux,
    Peut-être il obtiendra la guérison commune.
    L’histoire nous apprend qu’en de tels accidents
    On fait de pareils dévouements :
    Ne nous flattons donc point ; voyons sans indulgence
    L’état de notre conscience.
    Pour moi, satisfaisant mes appétits gloutons
    J’ai dévoré force moutons.
    Que m’avaient-ils fait ? Nulle offense :
    Même il m’est arrivé quelquefois de manger
    Le Berger.
    Je me dévouerai donc, s’il le faut ; mais je pense
    Qu’il est bon que chacun s’accuse ainsi que moi :
    Car on doit souhaiter selon toute justice
    Que le plus coupable périsse.
    – Sire, dit le Renard, vous êtes trop bon Roi ;
    Vos scrupules font voir trop de délicatesse ;
    Et bien, manger moutons, canaille, sotte espèce,
    Est-ce un péché ? Non, non. Vous leur fîtes Seigneur
    En les croquant beaucoup d’honneur.
    Et quant au Berger l’on peut dire
    Qu’il était digne de tous maux,
    Etant de ces gens-là qui sur les animaux
    Se font un chimérique empire.
    Ainsi dit le Renard, et flatteurs d’applaudir.
    On n’osa trop approfondir
    Du Tigre, ni de l’Ours, ni des autres puissances,
    Les moins pardonnables offenses.
    Tous les gens querelleurs, jusqu’aux simples mâtins,
    Au dire de chacun, étaient de petits saints.
    L’Ane vint à son tour et dit : J’ai souvenance
    Qu’en un pré de Moines passant,
    La faim, l’occasion, l’herbe tendre, et je pense
    Quelque diable aussi me poussant,
    Je tondis de ce pré la largeur de ma langue.
    Je n’en avais nul droit, puisqu’il faut parler net.
    A ces mots on cria haro sur le baudet.
    Un Loup quelque peu clerc prouva par sa harangue
    Qu’il fallait dévouer ce maudit animal,
    Ce pelé, ce galeux, d’où venait tout leur mal.
    Sa peccadille fut jugée un cas pendable.
    Manger l’herbe d’autrui ! quel crime abominable !
    Rien que la mort n’était capable
    D’expier son forfait : on le lui fit bien voir.
    Selon que vous serez puissant ou misérable,
    Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.

    Jean de Lafontaine

    Le Lion américain, le renard anglais, le tigre japonais, l’ours russe, (etc.), le loup allemand, le mâtin français, la belette italienne, et … l’âne grec, bien sûr !


  15. voici venu le temps de l’engagement, nous suivons vos colonnes monsieur Leclerc, et avant la fermeture, donnez vos consignes, merci, mercy !

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